Aller au contenu

Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

213
LES DISCOURS.

citoyen Pyat ! Si, cependant ; voici quelque chose de précis : « Patrie universelle… liberté, égalité, fraternité, … manifeste du cœur… (qu’est-ce que c’est que cela ?)… drapeau, humanité, remparts… » Mon Dieu, si je pouvais entendre ! « balles homicides… boulets fratricides… paix universelle… » Comment ! c’est pour entendre cela que toutes les loges maçonniques sont venues à l’Hôtel de Ville ? « Vous allez tendre une main désarmée… » Enfin, beaucoup d’autres phrases que le vent me dérobe et une explosion de cris : « Vive la Commune ! vive la République ! » Mais pourtant, moi, je voudrais comprendre, à la fin.

« — Ils viennent tirer au sort pour savoir qui ira tuer M. Thiers, » dit un gamin roux.

« — Mais non, idiot, puisqu’ils ont des « mains désarmées, » répond un autre gamin non moins roux.

« — Écoute, et tu sauras. »

Le conseil est bon, je m’efforce de le suivre. Mais on m’étouffe de plus en plus. Tout à coup, une éclaircie ! causée par l’asphyxie probable d’un bourgeois dont le crâne chauve vient de s’éteindre subitement à mes yeux. Ah ! enfin, on respire et on entend un peu.

« La Commune avait décidé qu’elle choisirait cinq de ses membres pour avoir l’honneur de vous accompagner, et il a été proposé justement que cet honneur fût tiré au sort. »

— Tu vois bien, » crie le gamin roux d’une voix étranglée, « je savais bien qu’ils venaient tirer au sort ! »

Un vigoureux coup de poing de l’autre gavroche répond à cet aperçu judicieux.

« Le sort a désigné cinq d’entre nous pour vous sui-