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Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/24

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LE LENDEMAIN.

peut-être quelques ministres à Paris, mais, depuis plusieurs heures déjà, le bruit s’est répandu que la plupart de nos gouvernants sont allés rejoindre l’Assemblée à Versailles. Je ne blâme pas ce départ un peu précipité ; il était peut-être indispensable, mais que voulez-vous ? on aime à avoir auprès de soi les gens dont on défend la cause et on se bat mal pour des absents.

Cependant, de la Madeleine au Gymnase, les cafés regorgent de filles et de gandins. Tandis qu’on se saoule sur les boulevards extérieurs, on se grise ou à peu près sur ce qu’on nomme les grands boulevards. Toute la différence gît dans les qualités différentes des boissons. Quel peuple sommes-nous, bon Dieu !

IV.

C’est aujourd’hui le lendemain. J’avais hâte de savoir ce qui s’était passé cette nuit et quelle attitude avait prise Paris revenu de sa première surprise. Qui sait ? La nuit avait peut-être porté conseil. Le Gouvernement et le Comité central avaient peut-être réglé leurs différends ; il se pouvait que tout fût fini.

Dans la rue matinale, tout était paisible. Les boutiques étaient ouvertes comme à l’ordinaire. Cuisinières et ménagères allaient et venaient. J’ai rencontré un brave homme avec lequel je causais parfois, les nuits de garde, du temps où l’on allait aux remparts.

— Eh bien ! lui ai-je demandé, qu’y a-t-il de nouveau ?