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LES ROYALISTES ONT ATTAQUÉ.

Mais quelles convictions ? Qu’est-ce que la Commune ? les hommes qui siègent à l’Hôtel de Ville, n’ont publié aucun programme ; pourtant on va tuer et se faire tuer pour la Commune. Ah ! les mots, les mots ! quelle puissance ils ont sur toi, peuple héroïque et niais !

Enfin, le soir, une proclamation ! Il y avait une telle foule devant les affiches que je n’ai pas eu le loisir de la copier. Elle était conçue à peu près en ces termes :

« Citoyens,

« Ce matin, les royalistes ont attaqué.

« Impatients devant notre modération, ils ont attaqué.

« Ne pouvant nous opposer des baïonnettes françaises, ils ont employé contre nous la garde impériale et les zouaves pontificaux.

« Ils ont bombardé Neuilly, un village inoffensif. Les chouans de Charette, les Vendéens de Cathelineau, les Bretons de Trochu, les gendarmes de Valentin se sont rués sur nous.

« Il y a eu des morts et des blessés.

« Contre cette agression renouvelée des Prussiens, Paris tout entier doit être debout.

« Grâce au concours de la garde nationale, la victoire nous restera ! »

La victoire ! quelle victoire ? douleurs profondes ! Paris versant le sang de la France, la France versant le sang de Paris. De quel côté le triomphe ne sera-t-il pas abominable ?