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LE MIROIR

le mica de la neige ; sachez que vos joues sont comme des roses pâles et cependant rosées !

— Que dois-je penser de mes lèvres ?

— Qu’elles sont pareilles à une framboise ouverte.

— Et de mes dents, s’il vous plaît ?

— Que les grains de riz, aussi fins qu’elles, ne sont pas aussi blancs.

— Mais pour ce qui est de mes oreilles, n’ai-je pas lieu d’être inquiète ?

— Oui, s’il est inquiétant d’avoir parmi les légers cheveux qui se mêlent deux menus coquillages compliqués comme des œillets nouvellement éclos.

C’est ainsi qu’ils parlaient, elle charmée, lui plus ravi encore, car il ne disait pas un mot qui ne fût la vérité même ; ce qu’elle avait le plaisir d’entendre vanter, il avait le délice de le voir. Tant et si bien que leur tendresse mutuelle devenait d’heure en heure plus vive. Le jour où il demanda si elle consentait à le prendre pour mari, elle rougit, certainement, mais ce ne fut point d’effroi ; les gens qui, voyant son sourire, auraient cru qu’elle se