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LES OISEAUX BLEUS

marcassins nouveau-nés, lièvres, faisans, coqs de bruyère, cailles, bécasses, râles de rivières, chargeaient sa table à toute heure servie, et il montait, de vingt assiettes, une bonne odeur de fraîche verduresse ; le jugeant las des venaisons banales et des légumes accoutumés, on lui accommoda des filets de bisons, des râbles de chiens chinois, hachés dans des nids de salanganes, des brochettes d’oiseaux-mouches, des griblettes de ouistitis, des brezolles de guenuches, gourmandées de pimprenelles des Andes, des rejetons d’hacubs cuits dans de la graisse d’antilope, des marolins de Chandernagor et des sacramarons du Brésil dans une pimentade aux curcas. Mais le jeune prince faisait signe qu’il n’avait pas faim, et, après un geste d’ennui, il retombait dans une rêverie.

Les choses en étaient là, et le roi se désolait de plus en plus lorsque l’enfant, exténué, se soutenant à peine et plus blanc que les lys, lui parla en ces termes :

— Mon père, si vous ne voulez pas que je meure, donnez-moi congé de quitter votre