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LA MÉMOIRE DU CŒUR

I

Le royaume était dans la désolation, parce que le jeune roi, depuis qu’il était devenu veuf, ne s’occupait plus du tout des affaires de l’État, passait les jours et les nuits à pleurer devant un portrait de la chère défunte. Ce portrait, il l’avait fait lui-même, autrefois, ayant appris à peindre tout exprès ; car il n’y a rien de plus cruel pour un amant ou un époux vraiment épris, que de laisser à un autre le soin de reproduire la beauté de la bien-aimée ; les artistes ont une façon de regarder de près leurs modèles, qui ne saurait