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LES TROIS BONNES FÉES

réchauffante, un bon lit où se reposeraient les travailleurs harassés. Myrtile rêvait d’être une reine qui ferait des chambellans chamarrés de tous les laboureurs vêtus de loques, ou le rayon qui écarte les mauvais nuages, ou la bûcheronne qui ramène au logis les enfants égarés. Quant à Caricine, dans son dessein d’être douce aux cœurs, elle eût volontiers consenti à être changée en une belle épouse, fidèle, sincère, ayant pour seul souci le bonheur de l’époux, ou en une timide et aimante fiancée. Puis, d’autres pensées, leur venaient, et elles hésitaient, comparant les avantages des diverses métamorphoses.

Cependant l’Enchanteur cria :

— Eh bien ! êtes-vous résolues ? Voilà trop longtemps que vous réfléchissez, et je n’ai pas de temps à perdre. Que désirez-vous être ? Allons, il le faut, parlez vite.

Il y eut encore un long silence ; mais, enfin :

— Que je sois donc, dit Abonde, le vin que l’on boit dans les cabarets des faubourgs ! Car, mieux que le pain de l’aumône et la tiédeur des poêles, et le repos dans un lit, l’ivresse