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LES OISEAUX BLEUS

pandaient d’autres histoires. Tout le monde se trompait. La vérité, c’est que le compagnon de Fleur-des-Pois et de Grain-de-Moutarde n’a jamais cessé de vivre parmi les hommes ; je l’ai rencontré, un matin de printemps, dans une venelle d’aubépines, suspendu, comme un gymnaste au trapèze, à un fil tremblant d’araignée. Mais il s’est rendu assez différent du Robin Bonenfant de jadis ; ce n’est plus lui qui hennit comme une pouliche coquette pour tromper un cheval gras et nourri de fèves ; ce n’est plus lui qui s’insinue dans la tasse d’une commère sous la forme exacte d’une pomme cuite, ou qui, s’offrant pour escabeau à une grasse matrone, se retire tout à coup, de sorte qu’elle tombe sur son derrière aux grands éclats de rire de l’assemblée. Non, Puck a des soins plus sérieux à présent ; il exerce une fonction grave ; il est, — de son état, — ramasseur de bonnets de l’autre côté des moulins !

D’abord, l’aveu de cette profession, assez étrange en apparence, ne laissa pas de me surprendre ; je fus tenté de croire que Robin m’en voulait donner. On sait qu’il n’a pas de