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LE RAMASSEUR DE BONNETS

que l’on a entrepris. Ah ! il est fort heureux qu’il me suffise du quart d’un tiers de seconde pour voler d’un bout de la terre à l’autre bout, car, presque à la fois, dans tous les pays, des bonnets s’envolent et se posent. Depuis quelque temps surtout, je ne sais, en vérité, où donner de la tête. Une neige de coiffes bat de l’aile par-dessus les moulins, palpite, hésite, choit. Avant-hier, je fus comme enseveli sous la légère avalanche. Je ramassais vingt bonnets, il en tombait mille, et il en tombait d’autres, toujours ! J’ai pensé étouffer. Mais une telle mort ne m’eût pas déplu, parmi les rubans, les batistes et les malines, à cause de cette odeur de cheveux et de nuques, si grisante, que tu sais bien.

— Mais, Robin, dis-je à Puck, il y a une chose que je ne m’explique pas. Tu ramasses les bonnets, à la bonne heure ; une fois ramassés, où les mets-tu ? Si tu as coutume de les ranger sur des tablettes ou dans des tiroirs, comme font les bonnes ménagères, il faut que tu aies un bien grand nombre d’armoires ou de commodes.