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LES OISEAUX BLEUS

bans bleus ou verts qui se prolongent dans le lisse éloignement des fleuves ; quand il neige, quelqu’un qui saurait les choses reconnaîtrait leur blancheur dans les légers flocons. De sorte que vous vivez, vous autres hommes, sans le savoir, au milieu de tant de bonnets devenus fleurs, averse de grésil, aiguail, papillons, mousses des nids, brouillards lointains, eau fuyante, et neige lente aussi ! Et, quand j’ai fini d’en emplir l’univers terrestre, j’en emplis le ciel, de ces bonnets. Ils sont l’aurore, — ceux des fillettes, — le crépuscule du soir, — ceux des vieilles filles, qui tardèrent longtemps ; ils sont le rose et l’azur des profondeurs mystérieuses ; ils brûlent dans le soleil, pâtissent dans la lune, voyagent avec les comètes, flamboyent en météores ; et c’est des bonnets jetés par-dessus les moulins, — blancheurs éparses et fourmillantes, — qu’est faite la Voie lactée !