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LES OISEAUX BLEUS

sans savoir vers où, la route ensoleillée. Mais, à peu de temps de là, il se produisit des événements terribles. Vaincu dans un combat, après des prodiges de courage, par des ennemis implacables, le roi Honorat lut obligé de quitter sa capitale et de se réfugier dans un cloître où on lui coupa les cheveux non sans lui avoir ôté sa couronne ; les larrons, qui sont toujours aux aguets, finirent par découvrir la cachette où Chrysor-le-Riche avait enfoui ses trésors, et il en fut réduit, haillonneux, sur les chemins, à demander l’aumône à ses voleurs, qui ne la lui firent pas. Seul, Aloys ne cessa point d’être heureux, baisé du soir au matin, et du matin au soir, par la belle jeune femme dont les bras souples comme les lianes étaient blancs comme les lys ; et elle lui fut fidèle, toujours, toujours, parce qu’il avait chanté dans le sillon féerique une chanson bien rimée !