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LES OISEAUX BLEUS

Comme ils longeaient la lisière d’un petit bois, une dame vint à leur rencontre ; elle était toute parée de fleurs ; des boutons d’or et des pimprenelles riaient dans ses cheveux, les volubilis dont s’enguirlandait sa robe tombaient jusqu’à ses mignons souliers de mousse pareille à du velours vert ; ses lèvres ressemblaient à une églantine, ses yeux à des bleuets. Chaque fois qu’elle bougeait, des papillons s’envolaient d’elle dans un éparpillement de rosée. Et il n’était pas surprenant qu’il en fût ainsi, puisque c’était la fée Primevère, que l’on voit, dès l’avril, passer avec une chanson dans les bois reverdis et par les prés refleurissants.

— Çà, dit-elle aux deux frères, puisque vous partez pour un long voyage, je veux faire à chacun de vous un don. Landry, reçois cette marguerite, et, toi, Lambert, une marguerite aussi. Il vous suffira d’arracher à ces fleurs un pétale et de le jeter au loin, pour éprouver à l’instant même une joie sans pareille, qui sera précisément celle que vous aurez désirée. Allez, suivez votre chemin, et tâchez de faire bon usage des présents de Primevère.