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L’ANGE BOITEUX

Îles-Pâles songeait douloureusement. Il ne pouvait supporter l’idée, en sa compassion, d’un chérubin ou d’un séraphin pareil à un ramier blessé ; et, cette chose qu’il avait trouvée, si blanche, diamantine, argentée, et doucement frémissante, il résolut de la rendre à qui l’avait perdue. Mais c’était là un dessein plus facile à concevoir qu’à exécuter. Le moyen de trouver l’ange qui regrettait son aile ? On n’entre pas comme on veut dans le paradisiaque séjour. Quant à faire afficher sur les murs des villes, dans tout le royaume, que celui des élohim à qui manquait un objet précieux le pourrait retrouver au palais du roi, c’eût été un inutile soin ; les anges n’ont pas coutume de se promener par les rues comme les badauds humains. De sorte que le jeune prince était fort perplexe. Il pensa qu’il ferait bien de consulter une petite fiancée qu’il avait par amour à l’insu de ses parents. Elle était la fille d’un bûcheron dans la forêt. L’aile sous le bras, il s’en alla la voir.

Il la rencontra sur la lisière du bois, un peu en avant de la chaumine où elle habitait.