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LES OISEAUX BLEUS

naud, chétif, incapable de retourner au ciel quand même il l’oserait, il se désole et pleure ; et j’ai le chagrin, la nuit, de ne pas rêver de vous, car il m’empêche de dormir, par ses lamentations.

— Il importe donc que nous lui rendions, à tout prix, son aile ! Je ne saurais me repentir du mal que j’ai fait, mais je voudrais pourtant qu’il eût un moyen de le réparer.

— Je pense qu’il y en a un, murmura-t-elle.

— Oh ! lequel ? dites vite !

— Il faudrait (elle parlait si bas qu’il l’entendait à peine), il faudrait remettre les choses en l’état où elles étaient avant la promenade sous les beaux citronniers. Mon ange a perdu son aile parce que j’ai reçu votre baiser ; il la reprendrait sans doute, si…

— Si ?… achevez, de grâce ?

— Si je vous le rendais !

En disant ces mots, frémissante et la pudeur aux joues, elle avait l’air d’une sensitive qui serait une rose ; et comme le prince s’approchait d’elle, extasié du moyen qu’elle avait imaginé, elle s’enfuit à travers les branches