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LES TRAÎTRISES DE PUCK

— Qui est votre rival ?

— Le neveu de l’empereur de Golconde ; quand il tire son épée, on croit que le ciel va tonner, parce qu’on a vu des éclairs.

— Que disiez-vous, étant près d’elle, à votre bien-aimée ?

— Je lui disais : « Donnez-moi votre cœur » ; elle me le refusait.

— Que direz-vous, l’ayant rencontré, à votre rival ?

— Je lui dirai : « Je veux votre sang » ; il faudra bien qu’il me le donne.

— Combien j’ai peur que le vôtre ne coule ! Oh ! permettez que je vous accompagne.

— La seule dont il me plairait d’être accompagné est à cette heure en son logis.

— Laissez-moi monter en croupe auprès de vous ; je n’exigerai rien de plus.

— Les hommes n’ont pas coutume d’aller au combat avec une femme en croupe.

Et le cavalier éperonna la cavale blanche. La fille du roi pleurait, malheureuse pour toujours. Comme il était de très grand matin, le soleil ouvrait à l’horizon un œil encore tout