Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
LES OISEAUX BLEUS

jour-là, interrogea longuement le berger de la montagne. Il apprit de fort étranges choses. Le mauvais magicien, qui habitait dans un château près de la mer, ne se bornait pas à dépouiller les voyageurs, à dévaster les campagnes, à incendier les villages, à meurtrir les vieillards et à forcer les filles ; il triomphait de tous les nobles hommes qui venaient le défier dans l’intention de mettre un terme à tant de barbaries ; il avait fait mordre la poussière aux plus valeureux ; même par la fuite on ne se dérobait point au trépas. Devant le donjon, que battait d’un côté la furieuse mer, il y avait des tas énormes d’os rongés par les bêtes, blanchis par la pluie ; et toujours une bande de corbeaux, flottant et se déroulant sous le ciel, mettait au sommet de la tour une bannière noire. Le bon Roland ne put s’empêcher de rire ! le moyen de croire qu’un méchant sorcier avait vaincu des paladins bardés de fer, l’épée ou la lance au poing ! Le conteur ne savait ce qu’il disait, ou bien ceux qui avaient défié le seigneur du donjon étaient des couards indignes du nom de chevalier, de