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LES OISEAUX BLEUS

ce lieu sauvage pour laisser souffler mon cheval ; car je pense qu’avant le jour prochain, si les saints me prêtent assistance et si sa demeure n’est point trop éloignée, j’aurai châtié le traître dont la vie est une offense à Dieu. Mais sait-on, parle avec franchise, comment, de quoi, est faite cette arme diabolique ? — On assure qu’elle se compose d’un tube assez long où s’allume d’un côté un morceau de salpêtre et d’où sort, de l’autre côté, une bille de métal, qui fend l’air, va droit au but, et frappe avec la vitesse de la foudre. » Roland n’en demanda pas davantage ; il assembla les brides, serra ses genoux où les ferrailles grincèrent ; et le cheval, la crinière envolée, galopait vers le rivage de la mer. Mais le preux baissait la tête, tristement, pendant cette chevauchée. Il lui répugnait d’avoir à salir son épée du sang d’un lâche. C’était la première fois qu’il allait au combat sans plaisir.