Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
LES OISEAUX BLEUS

fant. Comme il traversait la clairière d’une grande forêt, une bande de loups, les poils hérissés, du sang et du feu aux yeux, se rua sur lui ! il se crut perdu ; il sentait déjà dans sa chair d’affreuses dents dévorantes ! Il en fut quitte pour la peur. La flamme bleue, en s’inclinant, avait ébloui les prunelles des loups qui s’enfuirent dans les broussailles en hurlant d’épouvante. Un autre jour, comme il pataugeait parmi les joncs d’un marécage, il arriva qu’il sortit des herbes et des fanges un grand nombre de reptiles qui l’enlacèrent pour l’étouffer ; mais la petite lueur devint un serpent, elle aussi, un serpent pareil à un long éclair, et les bêtes rampantes se tordirent et moururent toutes, — on eût dit des sarments sur des braises, — dans les joncs incendiés. L’enfant qui voyageait vers le jardin de la Joie et des Rêves échappa encore à beaucoup d’autres périls. Il vit bien que la fée n’avait pas menti, que rien ne pourrait lui porter dommage tant que luirait la petite flamme bleue. Et elle ne se bornait pas à le défendre contre les méchancetés et les maléfices ; elle lui don-