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LA PETITE FLAMME BLEUE

Comme il pressait le pas, il tourna la tête, à cause d’un petit rire. Une jeune femme lui faisait signe, à demi nue sur un lit d’herbes fleuries, montrant, dans toute sa blancheur grasse, une bouche pareille à une rose un peu grande et des bouts de seins, pareils à deux petites roses.

— Eh ! bel enfant, dit-elle, que vous avez donc là, au front, une jolie flamme bleue !

— Oui, dit-il, elle est jolie.

— Vous ne savez pas ce que vous feriez si vous étiez courtois et complaisant comme il faut l’être avec les dames ?

— Que ferais-je ? demanda-t-il.

— Vous me laisseriez regarder de plus près cette petite lueur ; et, pour prix, je vous donnerais un baiser de ma bouche sur votre front. Il n’est rien de plus agréable que les baisers que je donne.

L’enfant ne vit aucun inconvénient à faire ce que voulait la jeune femme demi-nue. Quel péril y avait-il à laisser admirer, par cette belle créature sans méchanceté l’invincible lumière qui avait triomphé des bourrasques et de l’eau