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LES OISEAUX BLEUS

pierres de vos grottes vos mystérieux palais de cristal, et toutes les fées ont succombé dans les désastres, sous les écroulements. J’ai vu Habonde, qui allait s’échapper, mourir avec un petit cri sous le pied d’un passant, comme une cigale qu’on écrase. » Entendant cela, Oriane se mit à pleurer amèrement sur la destinée de ses compagnes chéries, sur son propre destin aussi ; car, vraiment, c’était une chose bien mélancolique que d’être la seule fée qui demeurât au monde.

Que ferait-elle ? Où se cacherait-elle ? Qui la défendrait contre la fureur des hommes méchants ? La première idée qui lui vint, ce fut de s’enfuir, de n’être plus dans ce triste lieu où ses sœurs avaient péri. Mais elle ne put pas voyager en carrosse, comme c’était sa coutume ; les quatre coccinelles, — pour qui elle s’était toujours montrée si bonne, — avaient entendu le discours du lézard et venaient de prendre leur vol, avec l’ingratitude de toutes les ailes. Ce fut un coup très dur pour la malheureuse Oriane ; d’autant plus qu’elle ne détestait rien davantage que de