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LA DERNIÈRE FÉE

dez avec vous et si vous me protégez, vous n’aurez point sujet de vous en repentir. J’appellerai à votre aide des gnomes très robustes, qui peuvent sauter même avec des fardeaux sur les épaules ; ils auront bientôt fait de transporter toutes ces lourdes choses. Vraiment, vous aurez en moi une bonne servante qui vous sera très utile et vous épargnera beaucoup de peine. » Ils n’entendirent point, ou feignirent de ne pas entendre ; un grand crochet de fer, qu’aucune main ne tenait, s’abaissa, s’enfonça dans l’un des ballots, et celui-ci, après un demi-tour dans l’air, s’abattit lentement sur le pont du navire, sans qu’aucun gnome s’en fût mêlé. Le jour montant, la petite fée vit par la porte ouverte d’un cabaret deux hommes qui jouaient aux cartes, penchés vers une table ; à cause de l’obscurité grandissante, il devait leur être fort difficile de distinguer les figures et les couleurs. « Ah ! messieurs, dit-elle, si vous me gardez avec vous et si vous me protégez, vous n’aurez point sujet de vous en repentir. Je ferai venir dans cette salle tous les vers-luisants qui s’allument aux