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LES OISEAUX BLEUS

les bals, dans les fêtes, derrière la rampe des théâtres et des cafés-concerts.

— J’ai juré mille serments, que je n’ai pas tenus, aux pieds de tant d’amoureuses.

— Je me suis offerte, je me suis donnée, bien des fois, en des soirs de caprice et d’orageuse lassitude.

— Je me suis ravalé, pour le plaisir des caresses, jusqu’à l’oubli des saines jalousies, jusqu’à l’acceptation sacrilège des partages.

— Je me suis vendue pour des colliers de perles et d’améthystes, et pour des billets de banque avec de l’or en tas.

L’employé s’écria :

— Sacrebleu ! vous en avez fait de belles ; des personnes aussi considérables que vous l’êtes auraient dû montrer plus de retenue et ne pas mener cette vie de Polichinelles. C’est bien votre faute, avouez-le, si vous avez perdu le respect et l’adoration de la race humaine ; et, entre nous, je crois fort que vous ne les retrouverez pas. Croyez-vous que les cochers les plus désintéressés rapportent des objets de cette sorte ? Ah ! si vous aviez habité en pro-