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LES OISEAUX BLEUS

offriront dans des drageoirs les épices les plus fines, verseront dans votre coupe les vins sucrés dont le parfum est si doux.

— Voilà qui est fort bien ! dit-elle. Je fus toujours un peu gourmande. Seront-ce là toutes mes joies ?

— Un autre délice, le plus grand de tous, vous attend.

— Eh ! lequel ?

— Vous serez aimée !

— Par qui ?

— Par moi ! Si vous ne me jugez pas indigne de prétendre à votre tendresse…

— Vous êtes un prince de bonne mine, et votre habit vous va fort bien.

— … Si vous daignez ne pas repousser mes vœux, je vous donnerai tout mon cœur, comme un autre royaume dont vous serez la souveraine, et je ne cesserai jamais d’être l’esclave reconnaissant de vos plus cruels caprices.

— Ah ! quel bonheur vous me promettez !

— Levez-vous donc, chère âme, et suivez-moi.