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LE VŒU MALADROIT

tel souci, chanter une chanson d’amour sous sa fenêtre ! Enfin, puisque je l’ai promis, il sera fait selon ton désir. Mais je dois t’avertir d’une chose ; lorsque tu auras cessé d’être qui tu es encore, aucun enchanteur, aucune fée, pas même moi ! ne pourra te remettre en ton premier état ; une fois prince devenu, tu le seras pour toujours.

— Croyez-vous qu’il prendra jamais envie au royal mari de la princesse Roselinde d’aller mendier son pain sur les routes ?

— Je souhaite que tu sois heureux, dit la fée avec un soupir.

Puis, d’une baguette d’or, elle lui toucha l’épaule, et, dans une brusque métamorphose, le vagabond fut un seigneur magnifique, éblouissant de soie et de joyaux, chevauchant un étalon de Hongrie, à la tête d’un cortège de courtisans empanachés et de guerriers aux armures d’or, qui soufflaient dans des trompettes.