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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/17

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MÉPHISTOPHÉLA

dernière édition ! » S’il s’observe plus profondément, Paris voit ses bas-fonds hideux, et plus vils, comme des plaies que l’on aurait aux pieds ; l’odeur de ses faubourgs, de ses banlieues, tout ce qu’exhale, crasse et sang mêlés, l’innombrable peuple des prostituées, et des tueurs, rôdant de réverbère en réverbère dans la ritournelle des bals-musettes et rassemblé d’un coup de sifflet qui saute d’un angle de rue à un coin de boulevard, l’écœure d’une fadeur de lupanar et d’abattoir ; et dans les bagarres nocturnes frémissent des lueurs de couteau. Pourtant, si profonde, si irrémédiable s’assombrit toujours davantage l’extinction du jour moral sur les hauteurs, que Paris se demande enfin si ce n’est point des plus sales bas-fonds que se lèvera la clarté future, attendue, nécessaire, incendie peut-être, clarté cependant ; il y a, dans la crapule populacière, quelque chose comme une épouvantable candeur, de la barbarie qui ressemble à de l’enfance ; est-ce un commencement d’aurore et d’avril, qui sait, cette grisaille boueuse, çà et là rose de meurtre ? l’avenir s’allumera peut-être à l’eustache des chourineurs.

En attendant, Paris, qui se connaît, n’ose plus se courroucer parce que, dans un boudoir, deux amies pareilles sous la poussée du même