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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/204

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MÉPHISTOPHÉLA

angéliques hymens ; et voici — comme un fou jetterait ses trésors par la fenêtre, — voici qu’Emmeline n’en voulait plus de tous ces souvenirs d’enfance ni de leurs récentes joies, si violentes et si tendres ! Oui, oui, oui, cela était vrai, il n’y avait pas à douter, Emmeline était partie ; et en rôdant autour de la maison, Sophie, essoufflée de cette course circulaire, bégayait : « Partie ! partie ! mais, enfin, pourquoi ? »

Elle s’arrêta.

Elle comprenait pourquoi Emmeline avait fui ! et c’est contre elle-même alors que se tourna sa colère. À cette enfant qu’elle avait inquiétée toute petite d’étranges caresses, inconscientes, dans le hamac au fond du jardin, dont elle avait troublé, plus tard, la paisible dévotion par de mystiques emportements, qu’elle avait obligée, — comme on force à boire une jeune bête que l’on tient par le cou, — aux enivrements des poèmes et des musiques, à cette jeune fille destinée aux simplicités de quelque honnête mariage avec des enfants qui grouillent partout et qu’elle avait emportée dans les effrois d’une extraordinaire aventure, à cette vierge, affolée enfin, hier soir, par la bouche sur la bouche, et ne résistant plus, et s’offrant, et acceptant, qu’avait-elle donné, elle, Sophie, en récompense de