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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/218

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MÉPHISTOPHÉLA

blanche, presque ambrée, des bras qui n’étaient point gras, et de l’ouverture en pointe de son corsage pas renflé, et de toute sa toilette, s’envolait, avivé par le musc des maquillages, un parfum de cuir de Russie et de tabac du Levant, qui était l’odeur de son corps ; elle était meilleure que si elle eût été bonne, cette odeur qu’on devinait faite exprès, très bien combinée ; et toute cette petite femme était aussi agréable à sentir qu’amusante à voir. Ce qu’elle avait de tout à fait charmant, c’étaient ses mains d’une petitesse et d’une finesse extraordinaires dans des gants de peau très tendue, et ses pieds, presque pas plus grands, qu’elle ne tenait pas à cacher, car, à peine assise, elle mit le bout de sa bottine au rebord de la portière ; la jupe glissa un peu, laissant voir les blancheurs feuilletées des dessous qui glissèrent aussi ; elle avait des bas de soie rose, tout percés de jours où la chair mettait des points d’or.

Parce que la petite femme l’avait regardée en souriant, Sophie se détourna très vite. Elle ne s’occupait plus que des arbres qui fuyaient devant la vitre du wagon. Mais l’autre éclata de rire.

— Ah ! bien, dit-elle, vous en faites une tête, vous !