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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/272

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MÉPHISTOPHÉLA

de ses cheveux ses beaux seins battants et mouillés.

Cependant, accoudé au rebord de sa loge, Urbain Glaris ne parlait plus, observant la baronne Sophor d’Hermelinge avec des yeux pleins d’une fixe rêverie.

— Docteur, reprit M. de Maël-Parbaix, comme vous voilà silencieux tout à coup ! Votre théorie ne sait-elle que répondre à ces objections vivantes : le bonheur et l’orgueil de cette monstrueuse créature ?

Alors, Urbain Glaris :

— Oui, pleine de joie en effet, et de superbe ; et sa joie ne ment pas : nulle rancœur, pas d’arrière-pensée ; cette femme semble bien portante en son ignominie comme certaines bêtes à qui convient l’air méphitique.

Après un silence, il ajouta :

— Mais, cette santé, par son excès même, dénonce que, tout en étant sincère, elle n’est pas vraie. Au cours de certaines maladies, il y a de ces exubérances de force et de vie, — symptômes graves ; le patient, qui ne croit pas souffrir, emprunte de l’exaltation à la fièvre qu’il ne sent pas, et une espèce de génie au délire ! Mais, bientôt, comme un linge tombe, tout l’être s’abat, flasque et veule ; et deux yeux vides, qui