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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/283

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MÉPHISTOPHÉLA

ça la gênait d’avoir accepté quelque chose de Sophor. Être entretenue par Sophor, ah ! non, par exemple. Un jour, elle lui dit : « Tu as de l’argent, bon, je ne puis pas t’empêcher d’avoir de l’argent. Mais, comprends, que tu paies toute la dépense, ce n’est pas drôle. Tu n’aurais qu’à croire que je suis avec toi parce que tu es riche. Aussi, si tu étais gentille, si tu tenais à me faire plaisir, — que veux-tu, je suis fière, on ne se refait pas ! — tu me laisserais sortir seule, le soir, de temps en temps. Oh ! tu ne vas pas t’imaginer, je pense, que je retournerai chez Hortense ou chez Mme Charmeloze ? plus souvent ! Mais, tu comprends, au Peters, au Helder, j’ai des amis… » Elle se tut sous un violent regard de Sophor, n’osa jamais plus reparler de son projet. Seulement, elle se disait à elle-même : « Va, va, ils ne dureront pas toujours, tes billets de mille, et alors je serai très contente ; parce qu’il faudra bien que tu me laisses faire comme je veux ; et tu verras que je ne suis pas intéressée, ni ingrate. » Elle avait cette délicatesse, — celle qu’elle pouvait avoir, pauvre fille. Et pourquoi ? parce qu’elle aimait Sophor. Oui, voici qu’elle l’aimait, tout à fait, véritablement. « Tu es si jolie, avec tes cheveux qui sont roux et qui sont noirs, et tes petits yeux qui flambent, et ta peau