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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/339

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MÉPHISTOPHÉLA

baronne Sophor d’Hermelinge regardait, au bal, les épaules et les gorges ; sa tendresse pour Mme de Grignols, les notes des couturiers payées ; ses extravagances garçonnières, les visites matinales, les offres d’escapade à la campagne. Mme de Lurcy-Sévi les yeux baissés vers ses mains qu’elle avait si petites et si fines, disait, avec un air de gêne qui cachait mal un peu de vanité contente : « Vous vous souvenez ? quand elle me tenait les doigts, elle ne les lâchait plus. » Beaucoup d’autres mondaines abondaient en souvenirs de cette sorte. Celles surtout qu’un peu plus de familiarité avec Sophor aurait pu désigner à de fâcheux soupçons, se hâtaient de parler pour qu’on ne crût point qu’elles avaient quelque motif de se taire, citaient des circonstances où cette extraordinaire personne se montra tout à fait inconvenante. Elles n’avaient pas deviné, alors, ce qui lui prenait, oh ! non, pas deviné du tout — même elles insistaient un peu trop longuement, sur cette incompréhension, si naturelle d’ailleurs, — mais à présent, elles s’expliquaient tout, et elles s’indignaient contre la baronne d’Hermelinge. Fi ! l’abominable créature. C’était vraiment affreux que de telles choses fussent possibles dans la bonne société ; on n’a pas idée d’horreurs pareilles. Sophor et Marfa, peut-être, auraient pu tenir