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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/365

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MÉPHISTOPHÉLA

cœur de Sophor une grande pitié. C’était si loin derrière elle, Emmeline perdue et la honte de l’enfantement, qu’elle n’avait plus de colère contre la pauvre petite créature. Elle se rappelait surtout que Magalo avait été, avec tant de jolies perversités d’abord et d’obéissance ensuite, le commencement de ses joies. Sophor lui devait son bonheur d’à présent ; et, jeune, belle, heureuse, ce lui était vraiment une peine très amère de la revoir vieillie et laide, si triste.

Magalo reprit :

— Je vous assure que je ne vous retiendrai pas longtemps. Vous êtes pressée de rentrer, avec Madame, qui est très jolie. Je comprends ça.

Elle fondit en larmes.

Certainement, Sophor allait répondre : « Eh bien ! montez. » Mais, d’un mouvement brusque, Céphise Ador lui mit au cou ses beaux bras ! et, presque brutale, en un soupçon confus de la vérité :

— Renvoie cette femme, je ne veux pas que tu lui parles. Elle a l’air d’une fille des rues. C’est quelque coureuse. Allons-nous-en.

Puis, tandis que Magalo, suppliante, tendait les mains dans l’intérieur de la voiture, la comédienne laissa un instant Sophor, et, la glace baissée d’une main fiévreuse, cria au cocher avec emportement :