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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/386

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MÉPHISTOPHÉLA

ne pensait pas, l’âme et le corps inertes. Mais il lui vint à travers les rideaux un bruit assez proche, comme de personnes qui causent à voix basse. Elle ne discernait aucun mot, soit à cause de la faiblesse de son ouïe, soit parce que les voix étaient couvertes d’un autre son, plus fort ; quel son ? celui qui lui sortait de la gorge, haletant et rauque. Mais, sans savoir pourquoi, elle s’inquiétait de ces chuchotements ; et, en un instinct que l’on parlait d’elle, elle étendit un bras pour écarter les rideaux, pour voir les gens qui étaient là. Sa main tomba sur la couverture, comme la main d’une morte qu’on lâcherait. Après une longue fatigue de son effort, elle essaya de se dresser ; elle ne réussit pas même à lever sa tête de l’oreiller, sa tête brûlante et pesante. Pourtant, un peu de clarté se faisait en son esprit ; elle comprenait qu’elle avait été malade, qu’elle l’était encore ; ce qu’on disait, elle voulait l’entendre. D’une tension à chaque instant interrompue de défaillances, — et, toujours, dans sa gorge, ce râle, — elle se tourna peu à peu, poussa des épaules sa tête, réussit à entrebâiller, du front, les étoffes. Elle vit, dans une chambre qu’elle ne reconnut pas, des hommes habillés de noir, trois ou quatre, qui tournaient le dos. Celui-ci parlait, celui-là répon-