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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/455

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MÉPHISTOPHÉLA

II

Céphise Ador se trompait. Sophor n’appartenait pas à quelque violente passion renovée ou nouvelle ; elle n’aimait ni Silvie Elven, ni aucune autre femme.

Qu’avait-elle donc ?

Elle s’ennuyait.

La bouche à la bouche de Céphise, elle eut tout à coup, — n’importe quel soir, un des soirs de sa vie, — cette impression que, ces lèvres, elle les baisait sans plaisir, qu’elle les baisait parce qu’elle les avait déjà baisées, — par habitude ; qu’elle ne convoitait pas ce qu’elle possédait. Mélancolie d’un instant, fatigue des trop grandes délices de la veille ? cette idée fut la première qui lui vint ; certainement elle allait retrouver,