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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/502

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MÉPHISTOPHÉLA

avait certainement des luxures encore ignorées d’elle. Elle n’avait eu que des amies à peine expérimentées, — Magalo elle-même se montrait peu ingénieuse, — et Sophor croyait avoir beaucoup à apprendre. Il était impossible que le vice se bornât à si peu de volupté. Elle n’en était plus à craindre l’avilissement de soi : elle n’hésiterait devant aucun forfait, si abominablement subtil, ou si singulièrement atroce qu’il fût ; il importait, avant tout, de ne pas s’ennuyer, de ne pas voir dans la glace des yeux vagues où l’espérance est morte. Elle voulait désirer.

Rompre avec ce qui avait été jusqu’au jour d’hier sa vie, c’était le plus pressé. Elle quitta son hôtel de l’avenue de Villiers, où les mêmes aspects lui donnaient les mêmes pensées ; elle ne reçut plus aucune des femmes que sa fantaisie avait agréées ; d’une insulte, presque d’une bourrade, elle chassa, après une querelle, Céphise Ador toujours tendre avec de soudaines fureurs — bonne chienne aux rages de louve ; et, libre, elle se précipita.

Il y a, vers Montmartre, des cafés, des brasseries, qu’une particularité signale. Le jour, rien de singulier derrière les grandes glaces de la devanture ; des gens déjeunent, tranquilles, jouent