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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/506

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MÉPHISTOPHÉLA

« fête » ; les garçons referment la porte très vite. Et le lendemain les cabotines, qui s’anuitèrent dans un hôtel douteux, ou dans quelque appartement garni, s’en retournent par les rues pleines de balayeurs, en hélant des fiacres ; revenues dans le luxe douillet de leurs appartements, elles tombent comme des choses qu’on lâche, sur le lit ou sur la chaise-longue, et s’endorment sans se déshabiller. Car les filles qu’elles suivirent pratiquent méthodiquement, froidement, terriblement, les immondes mystères, savent toutes les étreintes qui brisent, tous les acharnements qui anémient, toutes les violences et toutes les lenteurs. Mais, elles, elles ne se lassent point, — se réservant à leurs amies — et, le jour suivant, pas énervées, en bonne santé, les yeux tranquilles, prêtes à de nouvelles tâches, elles retournent au café ou à la brasserie avec le paisible ennui, sans désir ni rancœur, d’un employé qui revient au bureau ou d’un artisan qui rentre à l’atelier.

Sophor, sous des voilettes épaisses que parfois elle levait effrontément, comme par défi, — qui donc défiait-elle ? — fréquenta ces lieux sinistres. On la remarqua vite. Elle fut, dans ces bouges, célèbre, comme populaire. On ne savait pas son nom. On l’appelait « la grande