Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
551
MÉPHISTOPHÉLA

ris avait eu raison ! L’amour maternel peut chasser les mauvaises hantises, triompher des douleurs et des faux désirs. Cet amour, elle ne le connaissait encore qu’à demi ; mais ce qu’elle en éprouvait lui était comme une promesse qu’elle l’éprouverait tout entier. Déjà elle ne pensait plus qu’à Carola, ne se souvenait plus des péchés, des remords. Toute différente de ce qu’elle avait été jusqu’à ce jour. Un devoir à remplir, voilà ce qui l’occupait. Elle s’imaginait une vie pleine de calme et de douceur. Véritablement, elle était apaisée. Et elle était sauvée. Une longue série de jours placides, — pareille à l’allée de platanes par où elle était allée vers le couvent, — s’ouvrait devant elle, silencieuse et déserte, interminable…

Elle regardait toujours la dormeuse, en souriant.

Elle avait eu tort tout à l’heure de ne pas la trouver jolie. Les cheveux, châtains en effet, mettaient sur le front étroit une ombre si douce ; il y avait une transparence bleue au renflement des paupières baissées. La bouche était un peu trop grande, mais entre les minces lèvres les dents étaient bien rangées et très blanches, claires jusqu’à la diaphanéité. Et sous le corsage de pensionnaire, le lent mouvement