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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/85

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MÉPHISTOPHÉLA

que loups et presque sangliers, gueules et groins, tandis que le Diable, oui, lui-même, le Diable, debout dans une niche dont il avait culbuté la Panagia ou le saint Alexandre, éclatait de rire, plein de satisfaction, et d’un souffle si violent qu’il en éteignait tous les flambeaux de la salle. Certes, M. Luberti, homme pratique, qui avait été loueur de petites filles et de petits garçons dans les cafés de Gênes, où il pinçait de la guitare, n’attribuait aucune importance à ces propos de serfs saouls de wodki ou troublés par les histoires de revenants que l’on raconte, à la tombée du jour, dans les cabarets des villages. La vérité, c’était que, autrefois, les Tchercélew, maîtres dans le château et dans toute la contrée, avaient mené, comme on dit, une vie de polichinelle avec les filles du pays, et que, las des fatigues des papas, leur dernier fils n’en pouvait plus. Et il n’y avait rien de plus simple. Cette explication n’empêchait pas M. Luberti, tout sérieux et rassis qu’il était, dénué de rêverie, d’avoir froid dans le dos, quand tout à coup riait le comte Stéphan Tchercélew, silencieusement, dans la grande salle.

Ce fut la conquête de cet infirme qu’entreprirent les deux Parisiennes, Mme Sylvanie, vieille coupable, et Phédo, jeune femme, plus horrible.