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Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/121

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Les satans qui criaient : silence, à la Parole !
Passant, qu’es-tu ? ton front n’a pas la banderole
Écarlate qui fait reconnaître un Esprit
De Jupiter, selon qu’un voyant me l’apprit.
Souffres-tu ? car il est des Anges solitaires
Mais peut-être tu viens des ténébreuses Terres
D’où monte, obscur défi de l’Ombre aux Cieux lointains,
La fumeuse splendeur des Lucifers éteints ! »

Hélas ! c’était un fou. Je lui tendis sa cruche.

« Tu n’es donc pas celui qui se nomme l’Embûche,
Car Dieu limite au mal la ruse du méchant. »

Sa voix, calmée, avait quelque chose d’un chant
Triste, qu’on entendrait de loin.

                                               Il dit encore :
« Pourtant, je boirai peu. Tel qui se prive, adore,
Et trouve, s’il jeûna de pain et de boisson,
Sa faim grand-panetier, sa soif grand-échanson,