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Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/70

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» Il y avait la musique allemande. Oh ! celle-là était renfrognée. Elle regardait de

    considéré, non sans étonnement, la soubrette jusqu’alors occupée des rubans de son corsage fripés par son bel ami le garde-française, et, pleins d’un beau rêve, dévorés du désir des cimes, ils ont violemment saisi Dorine, Fanchon, Musette, et l’ont forcée à lever la tète, sans lui prendre le menton.

    Que veulent-ils ? Tout. Tout ce qu’il est possible de saisir, et même ce qu’il est impossible d’atteindre. Leur espérance a les mêmes bornes que l’infini.

    C’en est fait de l’art paresseux, qui répugne à l’effort, se contente de la première trouvaille venue, et dit : « Bah ! Ce sera toujours assez bon ! »

    Nous ne sommes plus au temps des artistes qui le sont quelquefois, lorsque la fantaisie leur en prend ou que l’inspiration les y contraint. Il y a un penseur paisible et volontaire, il y a un savant dans tout créateur digne de ce nom.

    Est-ce à dire que les compositeurs actuels nient ou dédaignent ce qu’on appelle l’inspiration ? Non, certes. Et qui donc oserait s’écrier : « Et moi aussi, je suis un artiste ! » s’il ne sentait en lui l’ardent besoin d’expansion, la flamme innée, toujours prête aux effluves, sans lesquels il n’y a pas de poète et pas de chanteur ?

    Mais l’inspiration, qui a été trop longtemps la folle du logis, il faut la vaincre, la maîtriser, la guider ;