Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

professeurs ne peuvent à leur gré reculer ou avancer les saisons. L’été qui m’enlève mes écolières ne peut me dédommager par les agrémens qu’il me présente de la perte pécuniaire qu’il me cause ; l’hiver qui les force de revenir à la ville les rend paresseuses pour l’étude : elles ne peuvent s’occuper à la fois d’apprêts de fêtes et de leçons, et cela me chagrine, parce qu’alors toute la charge retombe sur maman qui travaille plus que ses forces, car elle serait fâchée que je manquasse de quelque chose. Si la misère n’atteignait que moi, j’aurais plus de courage ; mais voir ma mère souffrir de mes souffrances, cela me tue. Aussi voilà pourquoi je veux écrire, il est trop malheureux de n’avoir qu’une corde à son arc : on court risque de mourir de faim.

— Mais cependant, mademoiselle, l’éducation que vous avez reçue annonce de l’aisance.

— De bons amis l’ont faite, monsieur, cette éducation que j’ai reçue ; maman ayant perdu sa fortune n’aurait pu me procurer les maîtres des choses que j’ai apprises ; elle n’a jamais payé que M. Kernay, mon professeur d’anglais, encore on dirait qu’il a voulu lui faire une remise de l’argent qu’elle lui a donné, en m’enseignant le grec gratis et en me faisant présent des li-