Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/132

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choses les plus ridicules du monde. Élisa se consola des injures qu’il lui jetait à pleines mains en pensant qu’elle n’avait encore rencontré qu’un M. E. S., mais qu’elle avait trouvé beaucoup d’indulgence et de bienveillance parmi tous ses lecteurs.

Le titre de membre de l’Académie provinciale que depuis sa nomination Élisa ajoutait à sa signature lorsqu’elle publiait des vers dans le Lycée armoricain, bien que regardé par la plupart comme un titre inventé à plaisir, rehaussa néanmoins tellement son talent, que ceux qui n’avaient point entendu parler d’Élisa Mercœur avant qu’elle écrivît, s’imaginèrent qu’il se pouvait qu’un homme, pour répandre plus de charme sur ses poésies et les faire lire avec plus d’intérêt, signait ce nom de jeune fille. Cette idée prit tant de consistance dans l’esprit du vieux marquis Bl. de la M*** de Rennes, qui croyait voir la scène de la Métromanie en action, qu’il écrivit à M. Mélinet pour lui demander des renseignemens à ce sujet. M. Mélinet lui répondit que le sexe, l’âge et le nom de l’auteur dont il insérait les jolis vers dans son Lycée armoricain n’étaient nullement d’invention, que mademoiselle Mercœur était une jeune fille aux longs et beaux yeux noirs