Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/143

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eu la pensée de dédier ses Poésies à ce grand homme, sans cela peut-être n’eût-elle pas réussi ; il est si rare que l’on croie au talent des poètes de province, que, sans la réponse de M. de Chateaubriand, on aurait fort bien pu douter de celui de notre jeune muse : il y a tant de personnes qui n’osent juger d’après elles. » Réflexion qui fit dire à Élisa, comme le disait l’habitant de la Guadeloupe à son habit : « Oh ! ma chère réponse, que je te remercie !… » Car, dès lors, elle comprit toute l’influence qu’exerce sur la réputation de l’écrivain qui débute le nom et l’opinion de l’écrivain que la renommée a consacrée, et devant lequel tout s’incline !… Aussi n’attribua-t-elle point à son talent le succès sans obstacle qu’obtint son volume, mais à la célébrité que lui avait prédite l’illustre écrivain auquel elle l’avait dédié.

La réponse de M. de Chateaubriand fît tant de bruit à Nantes, car les journaux semblaient prendre plaisir à la répéter, qu’on vint en foule solliciter d’Élisa la faveur de la lire dans l’original. À voir l’empressement qu’on mettait à s’en saisir et à l’attention qu’on apportait à en considérer les caractères, on eût dit une relique doit la vue et l’attouchement devaient mettre