Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/149

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personne, encore moins M. de Lamartine que tout autre ; car si elle y parvenait, elle serait trop grande [1].

Pauvre enfant, comme la vie dut lui paraître belle, alors que chacun s’empressait de semer quelques fleurs sur la route qu’elle devait parcourir ! Si Élisa avait eu un grain d’orgueil, il y avait réellement là de quoi la faire s’enfler comme la grenouille ; mais, pour qu’il en fût ainsi, il aurait fallu qu’elle changeât de nature, et cela ne se pouvait pas ; modeste elle avait vécu, modeste elle devait mourir. Douteuse de son talent [2], elle jouissait de son succès avec reconnaissance ; car elle ne voyait dans les éloges qu’on lui prodiguait qu’un sentiment de bienveillance qu’elle attribuait au désir qu’on avait de la voir réussir.

M. Mélinet ayant répété dans son journal l’aimable prédiction de M. de Lamartine sur Élisa, comme il avait répété celle de M. de Chateaubriand, les autres journaux la répétèrent à leur tour, et depuis, lors on ne l’appela presque

  1. Élisa était convaincue que jamais personne n’atteindrait à la hauteur du genre de talent de M. de Lamartine.
  2. Élisa ne pouvait se persuader qu’elle eût autant de talent qu’on le disait.