Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/174

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lui prodigua, réparation sans effet pour ce malheureux, je crus que, comme cet illustre et infortuné poète, sa raison allait s’aliéner, quand je l’entendis s’écrier :

« Ah ! moi aussi, je ne serai bientôt plus qu’une malheureuse réprouvée, puisque la nature ne peut rien faire pour nous sans que les hommes ne nous en punissent !… »

Ce cri que je ne puis peindre, puisque le son est sans couleur, que je ne puis décrire, quoiqu’il retentisse encore dans mon cœur, me fit lever précipitamment les yeux sur elle. Les veines de son front étaient gonflées et de larges gouttes de larmes et de sueur tombaient sur ses joues déjà sillonnées par l’injustice et le malheur. Cet état de crise avait été si violent qu’il avait épuisé ses forces, l’accablement qui lui succéda la plongea dans un profond sommeil ; ce sommeil, qui dura plusieurs heures, lui procura un grand soulagement ; elle n’avait presque plus de fièvre lorsqu’elle se réveilla ; elle cessa tout-à-fait lorsque sa pièce fut achevée. Il lui fallut peu de temps pour se rétablir, et elle reprit ses occupations ordinaires.

Le temps, qui est un grand maître, démontra bientôt à Élisa que les chagrins dont le sort