Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J’assistai, prophétique, aux larmes de sa mère ;
Puis avec le transport d’une interne frayeur.
J’emportai mes enfans plus serrés à mon cœur.

Ce qui résonne en nous de tendresse profonde,
Hélas ! n’a pas long-temps son écho dans ce monde ;
Mais puisque vers le ciel nous regardons toujours,
C’est qu’un bonheur s’y cache et qu’il manque à nos jours
Et quand nos souvenirs gémissent,
Il est, dans un frisson sur nous prompt à couler.
Comme des ailes qui frémissent,
Toujours prêtes à s’envoler !

Dis : n’est-ce pas ainsi, fille mélodieuse,
Que s’élançait ton cœur pour entraîner tes pas,
Lorsque ton vol s’ouvrit, plein d’une foi pieuse,
Appelant l’avenir… qui ne répondit pas ?
Car voici ma prière envoyée à ta tombe.
Oh ! sur le bord de l’urne où s’amassent nos fleurs,
Viendras-tu pas poser ton âme de colombe,
Pour compter les amis qui t’ont donné des pleurs ?
Qu’importe que la voix soit vulgaire ou sublime :
La douleur n’a qu’un cri qui sort du même abîme ;
Et le Christ en mourant n’entendit sur sa croix,
Que ceux qui lui criaient : « Mon Dieu ! j’aime et je crois ! »


Mme Marceline Desbordes-Valmore.