Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/237

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Quelquefois, au milieu de transparens nuages
Les ombres des guerriers planent dans ce vallon.

Ils n’iront plus s’asseoir aux fêtes étrangères,
          Dans ces lieux où leurs nobles cœurs
S’enivraient du souris des belles qui, naguères,
Enchantaient le repos de nos triomphateurs.

Ils ont fui pour jamais ; et la beauté plaintive
Cache au milieu des pleurs son timide regard :
C’est la fille du ciel, à la lueur craintive,
          Que dérobe un épais brouillard.

Le fantôme d’un chef, à l’armure pesante,
          Au loin se traîne avec effort ;
Il avance, il s’arrête, et, d’une main sanglante,
Il montre avec fierté sa blessure de mort.

Quelle est cette vapeur qui traverse la plaine ?
C’est l’ombre d’une vierge ; et son sein palpitant
      Soulève encor son léger vêtement :
Il semble captiver une suave haleine.

Le nuage a perdu sou élégant contour ;
          Il s’éloigne, il fuit, il s’efface.
          Comme un faible monceau de glace
          Disparaît aux regards du jour.