Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/247

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    Bientôt le mien, dont le feu s’évapore,
    Sera glacé par l’hiver du trépas :
Si demain, au vallon, tu m’appelles encore,
À tes accens, ami, je ne répondrai pas.
Le trépas, ai-je dit ! Non, pour l’être sensible
Qui voit sans nul remords ce moment destructeur,
C’est le déclin du jour, c’est un sommeil paisible,
C’est le calme des nuits, c’est le repos du cœur.
    Lorsque celui de ta plaintive amie,
Froid et silencieux, ne palpitera plus,
Caresse quelquefois, dans ta mélancolie,
Le souvenir des jours qui sont déjà perdus.
    En s’envolant, ma dernière pensée
Rêve un calme avenir, et la fille du Temps,
La Mort, auprès de moi déjà s’est avancée :
    Elle me nomme… Je l’entends…
Quoi ! tu vas entraîner, dans ta course cruelle,
Les songes de l’espoir, l’amour, le souvenir.
Ah ! si l’on n’aime plus quand ta voix nous appelle,
Laisse-moi vivre encor, je ne veux pas mourir.


(Mars 1826.)