Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/255

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Là, fermant pour jamais sa paupière lassée,
Le chrétien en mourant dirige une pensée,
              Qui monte dans les airs ;
Et d’élan et d’amour, tendre et sacré mélange,
Déjà sa voix s’unit comme la voix d’un ange
              Aux célestes concerts.

Là, s’exhale épuré l’encens de la prière ;
Là, tout s’évanouit ; et l’orgueil de la terre
              Meurt comme un faible son.
Les héros, dans ce monde, où pour eux la Victoire
Arrosa de ses mains les palmes de la gloire,
              Que laissent-ils ?… Un nom.

Mais des hardis palais qu’éleva leur génie,
Que le temps dévora, tel qu’un vaste incendie,
              Réponds, qu’est-il resté ?
Quelques débris cachés sous des feuilles de lierre,
Dont les siècles futurs jetteront la poussière
              Au regard attristé.

Tout s’enfuit entraîné dans l’abîme de l’âge :
Tel, un léger rameau balancé par l’orage
              Tombe à la fin du jour :
À ce terme ignoré qui finit l’existence,
Chacun, par le hasard, le doute et l’espérance,
              Est conduit à son tour.