Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/339

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Mais ne va pas, suivant un guide qui l’égaré,
Pour un céleste essor prendre le vol d’Icare,
Et laisser un vain nom retomber ici-bas.
D’une lyre hardie obtiens un chant sublime,
Que d’Orphée, écoutant ce chant qui le ranime,
        L’ombre s’éveille sur tes pas.

D’un seul mot, t’ai-je dit, la rapide puissance
Charme, captive, entraîne, et quelquefois dispense
Aux amans de la gloire une immortalité.
C’est l’éclair s’échappant du caillou qui s’enflamme ;
Enfin, c’est le sublime, ou c’est un son de l’âme
        Que le génie a répété.

En cédant à l’effort d’un magique délire,
Le sublime jamais ne peignit un sourire :
Il faut à ses crayons de plus mâles beautés.
Au bruit inspirateur de la voix des orages,
Pour le poète ému par ses accords sauvages,
        L’effroi même a des voluptés.

Il s’élève plus près de la haute demeure,
Aux accens de son luth qu’un vent du ciel effleure
Il aime à reculer vers les siècles lointains.
La rose pâlirait en couronnant sa tête,
La flûte du berger sous ses doigts est muette,
        Mais la harpe a des sons divins.