Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/362

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Sa liberté chancelle et pâlit expirante,
Ma gloire à mon nom seul demande mon vengeur.

Fille de Tyr ; adieu ! sur le brûlant rivage
Où ta main s’appuyait sur le sceptre des mers,
Vont descendre bientôt la honte et l’esclavage ;
Ton souvenir fuira loin de tes murs déserts.
Lâche patrie, adieu ! des nuages de flamme
Vont couvrir tes vaisseaux que l’abîme réclame,
Qu’attend de tes revers l’inévitable écueil.
L’ennemi te foulant sous son char de victoire
N’aura plus rien de toi, plus rien !… que ma mémoire
À jamais échappée à l’avide cercueil.

Le sommet et l’abîme ! étrange destinée !
Sort funeste et bizarre, où m’auras-tu conduit ?
La terre de ma chute est encore étonnée ;
Qui s’élève plus haut, tombe avec plus de bruit !
Ah ! que chaque sentier qu’a frayé mon audace
Conserve de mes pas l’ineffaçable trace,
Semblable au sol noirci quand le foudre est éteint.
Au lieu de vains regrets, la mort veut un sourire ;
La gloire est le seul but où le soldat aspire,
Qu’importe ce qu’il souffre à celui qui l’atteint !

Dieux d’Amilcar, enfin je comble ma vengeance.
Je redeviens moi-même en ce sublime instant.